En septembre dernier, je vous parlais de formation et du programme ISEG Up lancé par cette école pour faciliter l’insertion professionnelle en période de crise. Du coaching personnalisé, des workshops en team et des webinar en live avec des professionnels sont ainsi organisés régulièrement. Le dernier webinar s’est déroulé ce jeudi 4 février avec Marc Drillech et portait sur les clés pour réussir dans la communication. Suite à ce live, je lui ai posé quelques questions au sujet de l’impact de la crise sur la communication, des enjeux autour du digital et des réseaux sociaux, des nouveaux métiers et formations. Interview à découvrir sans attendre. Et vous pouvez aussi visionner le webinar en fin d’article.
- Bonjour Marc, vous êtes Directeur Général de IONIS Education Group, pouvez-vous nous parler brièvement de votre formation, de votre parcours et de votre métier ?
Licence de sociologie pour m’ouvrir l’esprit. Sciences Po pour consolider mes acquis. Les 10 premières années professionnelles dans des agences de communication réputées pour la justesse et l’efficacité de leur créativité. Puis 15 ans chez Publicis comme manager puis président de plusieurs entités (Publicis Etoile puis Publicis Dialog).
Enfin, depuis 2005, et comme je l’avais souhaité, le choix d’un autre univers, d’une autre passion, l’enseignement supérieur au sein du Groupe Ionis. Avec la petite fierté pas très dissimulée d’avoir à peu près réalisé ce que je voulais faire ce qui n’est pas si facile.
- Vous avez récemment participé à un webinar organisé par l’ISEG dans le cadre du programme ISEG UP. Celui-ci portait sur les métiers de la communication et les clés pour réussir dans la Com’. Pouvez-vous nous résumer vos propos en mentionnant les 3 clés principales ?
C’est vraiment une question très difficile parce qu’on ne peut pas résumer les clés en quelques phrases mais il est certaines conditions ou capacités sont absolument des vecteurs qui renforcent vos chances. D’abord c’est essentiel de bien se connaître, d’être clair sur vos capacités et vos faiblesses. Ensuite, évidemment, le réseau est essentiel car c’est ainsi que vous pourrez renforcer vos connaissances, vos expériences, votre culture globale des domaines que vous visez, votre aptitude à comprendre les différences entre les entreprises, les agences … Soyez également ouvert quand on aborde sa première réelle expérience professionnelle dans un contexte si spécifique. Cette situation atypique, les entreprises la vivent et la comprennent aussi donc oser viser large et divers dans un premier temps.
- Nous traversons une crise qui a un impact majeur sur nos vies, notamment d’un point de vue professionnel. Les communicants doivent s’adapter pour continuer à travailler mais comment faire au mieux et quelles sont les perspectives pour l’après-crise ?
Les communicants ont connu d’autres crises, en 1973, avec la Guerre du Golfe, en 2008 avec la chute de l’économie américaine, de la bourse et l’affaiblissement du système bancaire. Celle-ci est particulière parce qu’on ne voit pas une fin précise. Elle nous ramène à des frayeurs d’un passé qu’on imaginait terminé. Elle nous conduit à inventer des solutions chaque jour au gré du bon désir du virus. Par ailleurs cette crise conduit des secteurs entiers à plus qu’un ralentissement, un stop terrible pour l’économie des agences comme pour l’équilibre des gens puisqu’on affronte le rien, le néant…
Pourtant, je crois que l’histoire peut nous servir. Les crises sont suivies de reprises. Des secteurs disparaissent quand d’autres se développent. Il en est de même des pratiques, des outils, des marques. Sans doute aussi, et nous ne sommes que des humains, reviendrons-nous à nos anciennes habitudes, au-delà des promesses faites pendant l’épidémie, la résilience, la prise de conscience des grands enjeux, les mauvaises habitudes tant sur le plan de la fabrication, de la consommation, de la communication. Mais on doit aussi comprendre que le public n’est pas seulement composé de « veaux qui consomment » mais de gens capables de réflexion, d’esprit critique et d’ouverture d’esprit. Ce n’est pas toujours le cas. Je suis pourtant confiant. La nouvelle génération, ces jeunes que je croise tous les jours dans nos écoles, même si je peux condamner des excès ou un manque de relativisme, veulent un autre monde qui répond à davantage de respect et d’éthique. C’est pour moi une vraie réponse à la crise que nous vivons parce que l’épidémie nous conduit à repenser nos vies, nos responsabilités, nos idéaux.
- Parlons de digital et des réseaux sociaux, il est aujourd’hui primordial d’intégrer les Facebook, Instagram, YouTube et autre TikTok… dans la stratégie de communication. Quels sont les principaux enjeux pour les entreprises et comment procéder ?
Je n’apprendrai pas les réseaux sociaux aux jeunes étudiants et généralement, au sein de mes équipes, c’est un peu l’inverse. Je suis derrière eux à chercher à comprendre puisque je suis un parfait « boomer » mais décomplexé en ce qui concerne les réseaux sociaux. Pourtant, les entreprises comprennent de plus en plus que ces réseaux révolutionnent totalement les vies des marques pour 4 principales raisons. L’instantanéité de l’action et du dialogue. L’internationalisation de la présence et de la responsabilité de ce qui se dit et se montre. L’interaction absolue avec des clients, des influenceurs, des membres de l’entreprise qui veulent un vrai dialogue, à la fois immédiat et global. L’interchangeabilité des pouvoirs. L’époque de la marque impériale qui parle et du client qui suit est terminée. Chaque jour les marques veillent, surveillent, répondent à toutes sortes de messages parce qu’elles savent qu’elles n’ont plus le contrôle absolu de la relation. Alors ces 4 ruptures conduisent à des nouveaux vainqueurs et d’autres qui sont dépassés parce qu’ils ne comprennent pas toujours que les réseaux sociaux sont tout à la fois des médias, des médiateurs, des marketplaces, des lieux d’influence.
- Certains métiers intéressent particulièrement les jeunes diplômés, je pense aux métiers associés à l’univers Social Media comme Community Manager ou à l’influence comme Influence Manager, existe-t-il d’autres métiers particulièrement « tendance » ?
Mon dieu ! Tendance. Rien n’est plus dépassée que la tendance puisque le temps de la mise en œuvre on est déjà dépassé. La formation d’un étudiant prend 5 ans. Une vie professionnelle, c’est 40 ans au moins. Alors il faut clarifier ce qu’on entend par tendance (preuve en est, vous mettez des guillemets). Il existe des transformations radicales, des révolutions, et la digitalisation de la société en est une. Il existe des moyens de communication, eux vivent avec les époques, naissent, s’imposent, diminuent d’importance (et parfois reviennent). Il existe enfin des modes qui sont par essence passagères. Si vous voulez réussir dans ces mondes de la communication il n’y a qu’une recette. La complémentarité de fondamentaux importants, d’une capacité permanente d’auto-formation sur, justement, ces « tendances », enfin l’ouverture à d’autres univers et passions pour ne pas s’enfermer dans une vie monolithique et monotone.
- Ces métiers de la Com’ se professionnalisent et il existe de nombreuses formations permettant de développer des compétences en communication. Quels types de formations recommandez-vous pour exercer dans ce domaine?
Vous me pardonnerez mais la notion de professionnalisation me gêne, comme si les succès des marques mondiales de Apple à Nike, les grandes campagnes que vous connaissez d’Absolut à Canal+ seraient le fait d’amateurs.
Depuis des dizaines d’années, la communication sous ses multiples facettes est le fait de professionnels sauf que les univers se transforment pour au moins trois raisons. L’innovation se démultiplie ce qui oblige à s’ouvrir à d’autres domaines, d’autres cultures, d’autres pratiques. Le monde s’internationalise et Covid ou non, retour du « Made in France » ou non, on ne reviendra pas en arrière. Nous dépendons de la planète, de ce qui s’y passe, s’y construit comme s’y détruit. Dernier point, non des plus faciles, la rapidité du temps entre l’innovation et son application sur le terrain. On évoquait des décennies et maintenant on compte en années.
Donc je répondrai autrement à votre question tout en soulignant, bien évidemment, tous les atouts de la formation de l’ISEG. Si vous ne vous mettez pas dans une logique de formation permanente, de curiosité au quotidien, d’ouverture d’esprit sur tout ce qui bouge dans le monde, vous serez malheureusement vite dépassé. La seule formation qui va compter dans le futur sera celle que vous mettrez en œuvre pour vous au quotidien et dans une large ouverture des sujets.
Un grand merci à Marc pour ses réponses. J’en profite pour vous dire que l’ISEG forme aux métiers du digital, du marketing et de la communication. D’ailleurs, j’interviens auprès des étudiants lillois depuis une dizaine d’années sur des sujets en lien avec le Social Media et l’Influence Marketing. Influence Manager est un métier passionnant, en deux mots, c’est un poste qui consiste à gérer des campagnes d’influence marketing, trouver des idées créatives de partenariats, identifier des influenceurs pertinents afin de répondre aux enjeux business des marques ou encore assurer le relationnel avec eux. Les métiers en lien avec l’influence sont toujours plus nombreux, que ce soit en agence ou chez l’annonceur. Une opportunité intéressante pour les étudiants !
Visionnez le webinar diffusé ce jeudi.
Vous pouvez aussi découvrir les précédents, par exemple celui avec Gregory Pouy sur “Le futur du marketing ne ressemble pas à ce que vous pensez.” Tous les webinars sont accessibles sur la chaîne YouTube de l’ISEG.